Olivier Passarrius, Quelles sources, quelle échelle d’analyse, pour quels résultats ? L’exemple des fouilles de Vilarnau (Perpignan)

Quelles sources, quelle échelle d'analyse, pour quels résultats ? L'exemple des fouilles de Vilarnau (Perpignan)

Olivier Passarrius


L'étude de la naissance villageoise et plus particulièrement du « village ecclésial » n'était alimentée, il y a peu de temps encore, que par les sources écrites obligeant à aborder le sujet à partir de problématiques issues de la seule analyse des textes. En l'absence de fouilles exhaustives, les sondages archéologiques ou les fouilles partielles n'avaient alors pour objectif que de vérifier certains modèles ou de fournir une image matérielle à une réalité historique qui n'était pas celle de l'archéologie.

            La fouille du site de Vilarnau, qui s'est déroulée de 1996 à 2003, fournit une autre vision, archéologique cette fois-ci, de la formation du village groupé autour de l'église[1]. Vilarnau (Perpignan, Pyrénées-Orientales) est mentionné pour la première fois dans les textes au XIe siècle et se structure rapidement en trois pôles nettement distincts mais proches les uns des autres de moins de 500 m : un pôle castral tenu en fief pour les seigneurs de Canet (Vilarnau d'Avall), un pôle ecclésial organisé autour de l'église Saint-Christophe et de son cimetière (Vilarnau d'Amont) et enfin un deuxième pôle castral (Vilarnau d'Amont), situé à environ 300 m de l'église et tenu en fief pour l'abbaye cistercienne de Vallbone.

            La fouille de sauvetage réalisée en 1998 sur un tracé routier a concerné une partie du village castral de Vilarnau d'Avall ; elle a été rapidement suivie par une fouille archéologique préventive, transformée en opération programmée, du village de Vilarnau d'Amont, de son église et de son cimetière. Ces recherches ont permis de mieux comprendre le processus de formation villageoise, le rôle de l'église, du cimetière et du château dans le regroupement des populations. Elles ont permis d'appréhender également la structure et l'équipement domestique des maisons paysannes.

            L'étude archéologique quasi exhaustive de ce village polynucléaire permet d'en retracer l'histoire, depuis sa naissance au IXe siècle autour de l'église jusqu'à son abandon au début du XIVe siècle. Les données de terrain sont enrichies par une analyse des documents écrits conservés en archives : rares pour les XIe-XIIIe siècles, ils deviennent plus abondants à la fin du Moyen Âge[2]


I- Les échelles d'analyses spatiales : apports et limites des différentes approches

II- Les échelles d'analyses temporelles : le temps des historiens des textes, le temps des archéologues

Illustrations

[1] Passarrius, Donat, Catafau 2008.

[2] Étude réalisée par Aymat Catafau (Passarrius, Donat, Catafau 2008).