Thématique émergente «Histoire environnementale et écologie(s) politique(s)»

Responsables

Romain Grancher et Claire Judde de Larivière

Présentation

L’objet de cette Thématique émergente est de faire apparaître au sein de Framespa des approches inscrites dans le champ de l’histoire environnementale, en s’appuyant sur la tradition d’histoire sociale et politique du laboratoire. Ces approches, qui proposent d’analyser conjointement les processus du changement social et de la transformation des milieux biogéophysiques, ne visent pas seulement à rendre compte de la manière dont les sociétés utilisent, aménagent, protègent ou dégradent, et ce faisant, façonnent ou produisent leur environnement, mais aussi à montrer comment celui-ci agit sur elles en retour et en constitue donc une part indissociable.

Ainsi, le terme « environnement » n’est pas ici synonyme de « nature », mais renvoie plutôt à des modalités d’imbrication du naturel et du social qui varient dans le temps et l’espace et qu’il s’agit par conséquent de repérer, de comparer et d’historiciser. Pour cela, il importe notamment de prêter une attention particulière aux rapports sensibles à ces environnements, ainsi qu’à la matérialité des mondes sociaux et à tout ce qui, dans leur composition, relève de l’humain mais aussi du non-humain (microbes, plantes, animaux, eaux et sols, minéraux et composés chimiques, flux de matière et d’énergie).

En l’état, ce positionnement se manifeste par la volonté de produire :

1. Une histoire environnementale pragmatique, située et incarnée, c’est-à-dire une histoire « au ras du sol » et « par en-bas », qui part des acteurs et des actrices ordinaires et de leurs territoires vécus de façon à produire des analyses dans lesquelles les idées, les concepts, les représentations, les discours sont systématiquement mis en regard des pratiques, des savoirs, des techniques, des institutions, des formes d’occupation, des modes d’organisation et des rapports de pouvoir.

2. Une histoire environnementale attentive à la question des sources, qui tient compte des réflexions récentes proposées dans le sillage du tournant archivistique afin de parvenir à mieux objectiver les modalités de construction de la documentation. « Symétriser » et traiter « à parts égales » l’histoire des humains et des non-humains implique en effet une réflexion sur les traces laissées par les seconds et leur rôle dans la production de l’archive, au sens large.

3. Une histoire environnementale réflexive, qui s’appuie sur la démarche historienne et les archives pour documenter les formes et les expériences passées de l’environnement, mais qui revendique par ailleurs un intérêt marqué pour les enjeux climatiques et écologiques du temps présent, leur historicité, au nom de l’urgence qu’il y a les remettre en perspective historique pour les penser à la fois dans, depuis et par-delà le monde académique. Une histoire en prise avec les défis du présent, loin d’inféoder la discipline aux enjeux et aux attentes de notre temps, qui permet de mieux les cerner, les questionner et d’en enrichir la compréhension.

Toutes les périodes historiques étudiées au sein de Framespa sont couvertes, du Moyen Âge au temps le plus présent de l’Anthropocène. Il s’agit de se donner les moyens de penser la question environnementale dans la longue durée, mais aussi de réfléchir à la manière dont elle fait jouer les temporalités et vient ainsi rebattre les récits et les périodisations établies, ainsi que ce que nous appelons « avenir ». De même, aucune aire géographique n’est exclue a priori. L’Europe atlantique, la Méditerranée, les Amériques et l’Asie sont actuellement les terrains privilégiés par les membres de l’équipe porteuse du projet, qui les abordent à différentes échelles (du local au transnational) et selon différentes perspectives empruntées à la microhistoire, à l’histoire connectée, aux histoires impériales, ainsi qu’aux perspectives d’histoire coloniale et post-coloniale.

En termes d’objets, la réflexion s’organise autour d’un triptyque « Territoires Savoirs Pouvoirs » qui reflète une volonté partagée d’arrimer plus fermement l’histoire environnementale que nous entendons pratiquer à des questions d’écologie politique, entendue ici à la fois comme discipline et comme objet de recherche. Cohérent avec la volonté de penser les enjeux écologiques et climatiques du temps présent, ce détour par la Political Ecology vise également à susciter une réflexion commune sur les « écologies politiques », mais peut-être aussi morales, et en tout cas plurielles et conflictuelles, qui organisaient les rapports à l’environnement dans les sociétés du passé. L’écologie politique sera entendue ici comme une façon de partager les savoirs et les rendre opérant, dans le contexte de la crise écologique que nous traversons. Cette définition renvoie d’une part à la rencontre des sciences humaines et celles de la nature, d’autre part à des savoirs engagés et engageants.
 

Liste des membres : Benjamin Balloy ; Stéphane Boisard ; Sophie Fradier ; Guillaume Gaudin ; Romain Grancher ; Jean-Michel Hupé ; Claire Judde ; Emmanuelle Perez-Tisserant ; Sébastien Poublanc ; Solène Rivoal ; Sébastien Rozeaux ; Laure Teulières
Représenant de la thématique au Conseil de Laboratoire : Benjamin Balloy

Programmes de recherche

 

Projet COMEEAS : Communities, Mobilities and Environment around the East Asian Seas (1560-1740) (Labex SMS, Casa de Velázquez, EFEO)

Projet INTERFACES : Seuils, espaces de présence et formes d’interaction en Amérique du Nord, XVIIe-XIXe siècle (Labex SMS)

Projet PEL : Politiques des environnements liquides (Labex SMS)

Projet S’enforester : Projet de Recherche-action environnementale Arts-Sciences (Labex SMS)

Projet TRAME : Transitions : des arbres dans la métropole (Labex SMS)

Réseaux

 

ATECOPOL – Atelier d’écologie politique

RUCHE – Réseau universitaire de chercheurs et chercheuses en histoire environnementale

GIS H&SM – Histoire et sciences de la mer

GDR OMER – Groupement de recherche Océan et Mers

Institut des Amériques