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Trajectoires des savoirs
Ce projet s’intéressera aux trajectoires des savoirs depuis leur production par des acteurs dans un contexte spatio-temporel donné jusqu’à leur réception par d’autres acteurs et leur application dans un champ donné. Leur circulation dans l’espace – privé / public, centre / périphérie, local / mondial, réel / virtuel – constituera un questionnement central de notre recherche, en tant que ceux-ci subissent des inflexions, des modifications et des re-significations profondes tout au long de leur parcours.
Nous entendons ici par « savoir(s) » un ensemble de données réelles ou symboliques qui ne se limitent pas uniquement à des connaissances, qu’elles soient théoriques ou appliquées. Un savoir implique aussi et toujours des savoir-faire et des savoir-être spécifiques. L’analyse des savoirs devra donc tenir compte non seulement du contenu des connaissances transmises, mais aussi (surtout) des modalités de transmission de ces connaissances qui définissent des formes spécifiques de socialisation. En cela, le savoir, sa production, sa circulation et son appropriation interroge le politique en ce qu’il est inséparable des institutions, des acteurs et des media qui le produisent et le transmettent.
L’étude des savoirs devra nécessairement s’insérer dans une étude connectée qui redessine les frontières mentales (champs d’expériences et horizons d’attente définis par Reinhard Koseleck) et défie les logiques spatio-temporelles d’empire(s).
Sans que cela soit définitif, ni exclusif, on privilégiera :
- l'espace trans-Atlantique comme cadre géo-physique de la réflexion ;
- le XXe siècle comme cadre temporel ;
- on accordera une attention toute particulière aux processus de transitions. -> Les charnières comme autant de moments de bascule et de rupture ;
- les processus de légitimation des savoirs et de leur institutionnalisation qui permettent des moments de bascule et contribuent à l’exemplarité des ceux-ci (modèle de transition). Recomposition des stratégies et des hiérarchies du savoir ;
- idée du capital symbolique dont parle Pierre Bourdieu. Sans remettre en cause les dominations politiques, économiques, sociales et symboliques, les circulations de savoir viennent remettre en cause les anciennes hiérarchies et recomposent les stratégies de production, diffusion et réception des savoirs.
La production des savoirs
Les processus, très complexes, qui questionnent tout d’abord les lieux – et les liens – de formation nécessaire à leur production :
- processus de socialisation
- la formation des élites
- les institutions de la production
Les trajectoires des savoirs
- Les dispositifs de diffusion et des transmissions qui mettent en jeu des vecteurs de diffusion (imprimerie, monde du livre, media, des techniques et des technologies). L’idée serait même de chercher à cartographier ces savoirs à travers des représentations graphiques ;
- les espaces de diffusion et de transmission des savoirs ;
- la formation des réseaux.
A titre d’exemple, on pourrait s’interroger :
- sur l’impact de la photographie au début du XXe siècle, du recours de plus en plus grand aux sons, puis du cinéma et enfin des technologies récentes 2.0 dans la création d’un univers de sens compliqué ;
- sur la captation de sons et de sens.
La réception des savoirs
Des mécanismes de réception et d’appropriation de ces savoirs. Comme l’a souligné, il y a déjà longtemps, Michel Espagne : la circulation des savoirs dépend souvent plus du lieu de réception que du lieu de production.
Les acteurs et les passeurs des savoirs: les intellectuels, les experts, les artistes, les photographes, les traducteurs, les corps savants (enseignants, académiciens, hauts fonctionnaires, etc.), les hommes de plume, les animateurs culturelles, etc. :
Il s’agira d’étudier leurs trajectoires, leur formation (les rôles des institutions, des maîtres d’école, des lectures), leur relation avec les mécènes et avec les institutions qui encadrent leur travail (gouvernements, fondations) mais aussi les groupes de pouvoir, de lobbying qu’ils côtoient ou intègrent, tout comme leur parcours (bourses, prix, diplômes).
D’une autre part, il sera aussi question de se pencher -quoique toujours dans le cadre de l’histoire intellectuelle à la française- sur les idées qu’ils proposent et propulsent, derrière des projets collectifs ou de l’état qu’ils portent.
Stephane Boisard, Sonia V. Rose, Bruno Varga