Première partie : position du problème

De la supposée supériorité de l'Angleterre libérale

Deuxième aspect de la question, si on revient à la comparaison France-Angleterre : le problème du travail s'inscrit dans le contexte plus général des conditions socio-politiques de l'activité économique. On sait que l'économie politique s'est focalisée sur le thème de la liberté (du travail, du commerce). Le thème a été repris et amplifié par les libéraux du XIXe siècle, mais il se développe au sein même des milieux gouvernementaux de la monarchie, parmi les réformateurs éclairés. Ainsi, en 1764, l'administration française envoyait l'un de ses techniciens, l'ingénieur Gabriel Jars, en Angleterre, pour une enquête du plus haut intérêt stratégique : « Le sieur Jars observera pourquoi l'industrie est poussée beaucoup plus loin en Angleterre qu'en France, si cette différence vient, comme il y a tout lieu de le présumer, de ce que les Anglais ne sont point gênés par les règlements ni par les inspections »[1]. Les termes de cette lettre de mission indiquent bien à quel point les responsables du Bureau du Commerce, autour de Daniel Trudaine, au milieu du XVIIIe siècle, étaient obsédés par la concurrence industrielle anglaise. D'où leur politique d'espionnage manufacturier et de débauchage de techniciens, bien étudiée par John Harris[2].
Mais au-delà, s'agissant des raisons de ce supposé handicap technique, c'étaient bien le régime économique et les conditions réglementaires de l'activité artisanale et industrielle qui étaient en cause aux yeux des administrateurs éclairés qui peuplaient alors le Bureau du Commerce. Pour eux, l'enjeu central était celui de la liberté : au palmarès des avantages comparatifs de l'Angleterre, son régime économique libéral arrivait en tête, dans l'esprit des réformateurs français. Ainsi, en 1756, dans un mémoire comparant les manufactures des deux royaumes, John Holker écrit : « Il y a en Angleterre liberté entière pour l'emploi des matières, soit dans la qualité soit dans la quantité (...). Tout y est bien sans avoir des règlements, par l'esprit qui règne dans le commerce (...). Il est à souhaiter que le Conseil trouve le moyen d'accorder une liberté semblable ». Et plus loin : « Les inspecteurs ne sont point en usage en Angleterre»[3]. On repère de fait une convergence de tous les mémoires ou rapports des voyageurs, ambassadeurs, enquêteurs divers, découvrant une sorte d'« esprit anglais » qui serait favorable à l'industrie et au commerce ; une sorte de conception officielle de l'économie anglaise telle que la définissent les milieux autorisés français, postulant la supériorité libérale de l'Angleterre[4].

Ainsi est née une vulgate, érigée en vérité intangible, et reprise de façon totalement a-critique ensuite, y compris par les historiens ou économistes du XXe siècle. La plupart s'accordent sur l'opposition entre une France colbertiste et peu innovante, bridée par une réglementation rigide, et une Angleterre libérale, dynamique parce que déliée de toute entrave corporative ou administrative. Or, accepter cette opposition classique sans plus d'examen, n'est-ce pas souscrire imprudemment au discours dévidence que tenaient les réformateurs libéraux de l'époque et admettre bien rapidement les prémisses d'un diagnostic biaisé ? Récemment, Hilton Root a traduit cette interprétation classique dans les termes de l'analyse néo-institutionnaliste, avec force citations de Douglass North et Mançur Olson. Cette ultime version de la thèse de la supériorité anglaise mérite qu'on s'y arrête un instant. Deux idées centrales étayent la démonstration d'Hilton Root. Tout d'abord, il assimile tout règlement de fabrication à l'établissement d'un monopole ou rente de situation. Toute norme, toute forme de contrôle sont interprétées comme des barrières à l'entrée sur le marché, des freins à la concurrence et par conséquent au progrès économique. Puisant dans les thèses de Robert Ekelund et Robert Tollisson sur la « rente mercantiliste », il soutient que la structure socio-politique et le système juridique anglais ont l'un et l'autre, dès le
XVIIe siècle, mis en échec les tentatives d'établir ou de renouveler les monopoles artisanaux et commerciaux, et favorisé la « philosophie du libre marché intérieur »[5]. A contrario, en France, le maintien des structures corporatives et réglementaires (ce qu'il appelle « l'économie formelle ») aurait empêché l'éclosion d'une économie « informelle » concurrentielle[6]. Le second argument tient aux garanties apportées par le droit et les institutions anglaises à la propriété privée, lesquelles auraient contribué à abaisser les coûts de transaction, à encourager à la fois l'épargne et l'investissement. L'idée est reprise avec force par David Landes dans le chapitre « la
Grande-Bretagne et les autres » de son dernier livre : il y dresse le portrait-robot de la « société la plus propice à la production de biens et de services (...) idéale pour la croissance », et conclut que son système politico-juridique a fondé l'avance du pays : « L'Angleterre donna aux citoyens les coudées franches (...). Comparés aux populations de l'autre côté de la Manche, les Anglais étaient libres et heureux »[7]. Radicalisant le propos d'Hilton Root, D. Landes le pousse certes jusqu'à la caricature. Mais comme lui, il ne fait en somme que reprendre la thèse de Douglass North selon laquelle la Glorieuse Révolution de 1688, en instaurant un régime politique représentatif, seul à même de garantir les droits de propriété, aurait créé les conditions nécessaires à l'épanouissement de la « révolution industrielle » du XVIIIe siècle[8].

Cette hypothèse est vigoureusement contestée par Gregory Clark, qui en récuse les deux assertions principales : d'une part, si la garantie des droits de propriété constitue une condition nécessaire à la croissance, elle n'est pas une condition suffisante ; d'autre part, elle n'est pas liée à l'instauration d'un régime représentatif : « Institutionalists were stretching a point when forging the link between the institutional changes of 1688 and the industrial revolution beginning in 1760 (...). Stable property rights had existed in England and Wales for more than 200 years prior to the industrial revolution »[9]. Et de réfuter chiffres à l'appui les calculs de North et Weingast sur l'évolution séculaire des retours sur investissement. Hilton Root ne s'aventure pas sur ce terrain économétrique, mais toute sa démarche est inspirée par la théorie de North. Or, sans contester le souci légitime de rechercher les interactions entre les institutions politiques, le droit, et l'économie, on peut s'interroger sur la manière qu'a H. Root de constituer ces domaines en sphères totalement séparées et étanches, en blocs exogènes[10].

Mon but, toutefois, n'est pas de discuter dans toutes ses dimensions la question de « l'esprit des institutions » anglaises, ni de me lancer dans une analyse comparée des conditions d'émergence du capitalisme dans les deux pays, comme l'ont entrepris encore récemment Ellen Meiksins Wood ou David Parker, dans la tradition de la sociologie politique marxiste anglo-américaine[11]. Je n'ai pas non plus l'ambition de reprendre seul tout le dossier de l'histoire comparée des deux économies et de leurs performances respectives. Mon propos, plus modeste, se situe cependant au point de rencontre de ces deux problématiques. Il vise cette double dimension de la supposée supériorité anglaise selon Hilton Root : la liberté de fabrication ; le déclin des « monopoles » corporatifs. L'une et l'autre seraient acquis, en Angleterre, au début du XVIIIe siècle, quand la France continuerait de souffrir du carcan des règlements de fabrication et des communautés de métier[12].
Mais aucune analyse précise n'est menée du fonctionnement des marchés artisanaux et manufacturiers anglais, des conditions institutionnelles et normatives de la production des biens. Le lecteur est censé tenir pour établie l'absence de règlements, de contrôles, d'inspections, ou de corporations de l'autre côté de la Manche. Fort de ce postulat, notre auteur évalue en somme la situation française à l'aune d'un prétendu modèle libéral dont le mode de fonctionnement n'est jamais scruté de près. Il me semble qu'on est alors fondé à demander un supplément d'enquête, afin d'examiner la réalité des pratiques des acteurs économiques.


1. Du côté français, les recherches que j'ai menées précédemment sur l'inspection des
manufactures m'ont conduit à réévaluer les effets du « colbertisme » : le régime économique français, sous Colbert et après lui, fut beaucoup plus souple que ses adversaires ne l'avaient prétendu. Je voudrais insister sur deux aspects qui me paraissent cruciaux pour parvenir à une meilleure compréhension de la régulation socio-économique au XVIIIe siècle. Tout d'abord, il importe de distinguer entre trois éléments, fussent-ils bien-sûr fortement imbriqués : l'intervention de l'État royal ; la réglementation du travail, de la production et des échanges ; les communautés de métier. Certes, la « grande chaîne de l'Être corporatif » relie tous les corps au roi ; et une large part de la réglementation est d'origine monarchique. Mais il existe un pouvoir
réglementaire propre des corporations, et en même temps, les institutions corporatives ne se réduisent pas à ce dernier. Il faut bien distinguer qui décide et ce qui est décidé, et insister sur cette dimension essentielle : malgré la tutelle royale, les corporations sont des formes d'auto-organisation des praticiens qui leur permettent de délibérer, de s'entendre. La structure délibérative ici importe autant que le contenu des délibérations. Quand bien même la littérature libérale, de Gournay à Turgot, a amalgamé tout cela dans un égal rejet, pour des raisons évidentes d'efficacité politique, il reste que ces deux faces de la vie des métiers doivent être « désemboîtées ».

En second lieu, il faut résister aux tentations simplificatrices concernant l'État royal et son action économique, aux facettes multiples : politique douanière, intervention réglementaire, inspection des manufactures textiles, encouragements et privilèges accordés aux entrepreneurs et aux inventeurs, on a réifié tout cela sous le nom de « colbertisme », en en faisant un système rigide. En l'occurrence, on prête beaucoup à Colbert ; beaucoup trop, notamment en faisant des articles de foi de ce qui n'était que
des mesures de circonstance qui n'étaient pas forcément appelées à durer. On ne doit pas sous-estimer l'ampleur et la qualité des débats au sein du Bureau du Commerce et plus généralement au Contrôle général des finances et dans toute l'administration royale. Ainsi, ceux qui s'opposent aux libéraux ne sont pas simplement des réglementaristes obtus ; et au sein même des partisans du libéralisme, les positions peuvent être nuancées. Si la condamnation des corporations est unanime et radicale, les opinions sont moins tranchées concernant l'intervention de l'État. Simone Meyssonnier a montré que, pour les réformateurs du groupe de Gournay, celle-ci était moins une question de principe que de degré, de pertinence et d'aire d'application, d'où l'image de « la balance » et « l'horloge »[13]. Dominique Margairaz, de son côté, a souligné que la construction du marché pouvait justement faire l'objet d'une politique régulatrice[14]. Sa réflexion sur la notion de « service public » la conduit à analyser comment, sous certaines conditions, les acteurs peuvent être conduits à retirer du marché certaines fonctions économiques de manière à faire fonctionner le marché, précisément. Cette logique est à l'œuvre par exemple dans le cas des services de poids et mesures[15].
Enfin, les réformateurs éclairés du Bureau du Commerce avaient une conscience aiguë du caractère passablement ambivalent, sinon contradictoire, des attentes que pouvaient exprimer les milieux artisanaux, manufacturiers ou marchands. C'est le fameux « Laissez-nous faire, Sire, protégez-nous beaucoup » adressé au roi en 1784 par Lesage, manufacturier de Bourges[16].

De sorte que le jeu institutionnel et réglementaire, sous l'Ancien Régime, ne saurait être ramené à la vision schématique d'un long combat perdu des libéraux face aux contraintes corporatives et aux résistances administratives : les clichés réducteurs hérités de représentations inspirées par l'économie classique ne devraient plus avoir cours. La version néo-institutionnaliste proposée par Hilton Root s'avère quant à elle tout aussi inappropriée. L'ouvrage est parsemé d'affirmations péremptoires, concernant par exemple l'inefficacité productive des corporations, leur rigidité, leur misonéisme, que seule vient appuyer, finalement, la citation du préambule de l'édit de suppression pris par Turgot en 1776, quand les recherches érudites de Steven Kaplan, Jean-Pierre Hirsch ou Gail Bossenga entre autres, démontrent exactement le contraire de ce qu'il affirme[17] !
H. Root, de plus, mélange allègrement la question corporative et celle des règlements de fabrication textiles, confondant contrôles corporatifs et bureaux d'inspection et de marque[18]. En cela, il ne fait d'ailleurs que reprendre l'argumentaire des contemporains du combat de Turgot.



2. Exagérant les rigidités du système qu'ils combattaient, les réformateurs français ont
également, en sens inverse, dessiné une représentation idéalisée de l'Angleterre, manière de paradis du laissez-faire. Or, les représentations anciennes d'un État anglais « discret », « léger », quasiment minimal par excellence, sont aujourd'hui infirmées par les travaux de Patrick O'Brien et Peter Mathias sur le niveau de la fiscalité, ou de John
Brewer sur l'efficacité de l'appareil administratif financier au XVIIIe siècle[19]. Pour être clairement soumis au contrôle du Parlement depuis la Glorieuse Révolution de 1688, lÉtat anglais n'en était pas moins un État fort, politiquement et fiscalement centralisé. De plus, il mena à l'extérieur, une ferme politique maritime et coloniale, inspirée des plus purs principes mercantilistes[20]. La monarchie parlementaire anglaise resta un État taxateur, impérialiste et protectionniste. Mais qu'en était-il en matière de production et de commerce intérieur ? Dans ce domaine aussi, une réévaluation paraît nécessaire. La vision classique qu'ont imposée nombre d'auteurs, d'une déréglementation progressive des activités productives et d'un déclin irrémédiable des corporations urbaines, paraît inadéquate. Car, au-delà des dispositions traditionnelles de la common law et des statuts hérités (statutes of artificers, of apprentices, etc.), il existait bel et bien une législation proprement économique, même si celle-ci ne revêtait pas nécessairement des formes identiques à celles des règlements français. Des travaux récents montrent qu'après 1688, le Parlement a légiféré en de nombreux domaines touchant à l'activité artisanale et manufacturière : non seulement la protection et diffusion des inventions par les patents, la répression du vol de matériau (embezzlement), le contrôle de la main-d'œuvre, mais aussi la certification des produits, le respect des standards etc.[21].

Ajoutons, pour brouiller un peu plus le cliché habituel, que certains auteurs libéraux anglais tiennent des propos qui cadrent mal avec les convictions de leurs correspondants français : ainsi Josiah Tucker prône-t-il la ré-installation en Angleterre de « public inspectors »...comme il y en a en France[22] ! Quant aux corporations, loin de disparaître, elles s'étaient transformées, et plutôt que de s'opposer au développement du marché, elles en étaient devenues l'un des acteurs, au service des intérêts de certains groupes de pression. Parallèlement, d'autres types d'institutions économiques et de groupements d'intérêts s'organisaient, au cours du XVIIIe siècle. C'est dire que les praticiens de la manufacture et du commerce n'œuvraient pas dans un désert institutionnel et réglementaire. Encore faut-il examiner de près ces cadres et ces règles, pour en comprendre le fonctionnement et les évolutions. Bref, ma démarche entend s'appuyer sur l'analyse des pratiques économiques, du fonctionnement des marchés, des conditions institutionnelles et normatives de la production, du commerce, et du travail[23].

Mon hypothèse de travail est la suivante : en Angleterre tout comme en France, les activités économiques se déployaient dans un univers réglé par des lois, des normes, des conventions, des institutions diverses, qui n'avaient certes pas le même poids ni la même nature, mais qui remplissaient des fonctions analogues. C'étaient autant de ressorts nécessaires au bon fonctionnement de certains marchés, auxquels on recourait également dans les deux pays, même si, bien sûr, la divergence des régimes politiques après 1688 conduisait à des modalités d'expression de la société civile et des intérêts économiques assez différentes. Mais de ces différences, on ne saurait trop vite conclure à une opposition terme à terme. Les travaux historiques disponibles ne permettaient pas de vérifier pareille hypothèse de façon très étayée. L'historiographie britannique, qui s'est beaucoup intéressée aux aspects techniques de la révolution industrielle et aux aspects sociaux de la consumer revolution manifeste beaucoup moins d'intérêt pour les problèmes de réglementation et d'organisation des pratiques économiques. Quand c'est néanmoins le cas, la question est envisagée à travers la figure de l'entrepreneur, dont la geste est alors souvent héroïsée[24]. Peu de recherches ont été consacrées aux institutions et groupements professionnels, en dehors des compagnies marchandes des ports. Les communautés de métier urbaines ont été surtout étudiées sous l'angle politique : « The guilds of eighteenth-century England await their historians », écrivaient M. Berg, P. Hudson et M. Sonenscher en 1983. Depuis, quelques travaux sont venus combler cette lacune, mais le sujet reste fort mal connu[25]. J'ai donc voulu rouvrir ce dossier, en partant du questionnaire établi à partir du cas de la France, et à travers l'étude des pratiques des acteurs et non pas des doctrines. Il s'agit de mettre à l'épreuve les hypothèses comparatives avancées dans mes travaux précédents, et de montrer que l'Angleterre n'est pas l'Éden libéral que l'on a dit, qu'elle n'est pas ce paradis de la libre entreprise déliée de toute norme réglementaire qu'un certain wishful thinking libéral a érigé en paradigme et en modèle à suivre.



 












[1] Mission confiée à Gabriel Jars le 3 juillet 1764 (Archives Nationales, Paris, F12
1310).

[2] John R. HARRIS, Industrial Espionage and Technology Transfer. Britain and France in the Eighteenth Century, Aldershot, Ashgate, 1998.

[3] Ministère de l'Économie et des Finances, Service des Archives économiques et Financières, carton 2, « Observations générales sur les manufactures de France par le
sieur Holker, inspecteur général », p. 8 et 16 (mémoire reçu par Daniel Trudaine en novembre 1756, et transmis ensuite aux intendants du commerce Vincent de Gournay et de Montaran On en trouve une copie dans les papiers Gournay de la bibliothèque municipale de Saint-Brieux inventoriées par Simone Meyssonnier : M 82 n° 3). Précisons que Holker ajoute, à propos des inspecteurs : « Ils ne sont pas nécessaires parce que, comme je l'ai observé à l'article des ouvriers, la police est très sévère contre eux, en tout ce qui regarde la perfection ». On peut être un chaud partisan de la
liberté de fabrication et souhaiter que règne une sévère police du travail.

[4] Pour une analyse plus détaillée, voir Philippe MINARD, « France colbertiste' versus Angleterre libérale' ? Un mythe du XVIIIe siècle », in Jean-Philippe GENET, François-Joseph RUGGIU (éd.), Les idées passent-elles la Manche ? Savoirs, représentations, pratiques, France-Angleterre, Xe-XXe siècles, à paraître.

[5] Hilton ROOT, La construction de l'État moderne en Europe. La France et l'Angleterre, Paris, PUF, 1994, p. 177-180. Robert EKELUND, Robert TOLLISSON, Mercantilism as a Rent-Seeking Society. Economic regulations in Historical Perspective, College Station, Tex. : Texas A&M University Press, 1981, et Politicized Economies : Monarchy, Monopoly, and Mercantilism, College Station, Tex.: Texas A&M University Press, 1997.

[6] Cette façon de découper en sphères étanches des marchés dits « formels » et d'autres déclarés « informels » laisse perplexe (H. ROOT, op. cit., p. 120-122, en particulier note 4, p. 121).

[7] David LANDES, Richesse et pauvreté des nations. Pourquoi des riches ? Pourquoi des pauvres ?, 1998, Paris, Albin Michel, 2000, p. 284-294 (citations p. 284 et 289).

[8] Douglass C. NORTH, Barry WEINGAST, « Constitutions and commitments : the evolution of institutions governing public choice in Seventeenth Century England », Journal of Economic History, XLIX, 1989, p. 803-832.

[9] Gregory CLARK, « The political foundations of modern economic growth : England, 1540-1800 », Journal of Interdisciplinary History, 26/4, spring 1996, p. 563-588, citation, p. 588.

[10] De même, la façon dont il découpe des marchés dits « formels » et d'autres déclarés « informels » (H. ROOT, op. cit., p. 120-122) laisse perplexe, tout comme la manière dont il pose comme radicalement différentes les démarches de l'économiste et de l'historien (p. 1, 11, et note p. 18).

[11] Ellen MEIKSINS WOOD, The Pristine Culture of Capitalism, Londres, Verso, 1991, ou David PARKER, Class and State in Ancien Regime France. The Road to Modernity ?, Londres, Routledge, 1996, William BEIK, « Absolutism and the rise of capitalism in France and England », Journal of Early Modern History, 5/1, 2001, p. 62-67. Guy LEMARCHAND avait proposé une synthèse des travaux anglais dans « Un cas de transition du féodalisme au capitalisme : l'Angleterre », Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, 25/2, avril-juin 1978, p. 275-305.

[12] H. ROOT compare donc la France du XVIIIe siècle et l'Angleterre du XVIIe siècle : « Étant donné que le mercantilisme a décliné en Angleterre pendant la période où il a pris son essor en France, je comparerai le déclin des corporations anglaises au XVIIe siècle avec leur renforcement en France au XVIIIe siècle », (note 1, p. 161). On se demande par ailleurs d'où sort ce « renforcement » des corporations françaises au XVIIIe siècle....

[13] Simone MEYSSONNIER, La balance et l'horloge. La genèse de la pensée libérale en France au XVIIIe siècle, Montreuil, Éditions de la Passion, 1989.

[14] D. MARGAIRAZ, « Réflexions sur le syntagme service public' à la fin du XVIIIe
siècle », article à paraître, et « Les bureaux de poids public et l'organisation de l'espace marchand », Revue du Nord, tome 85,n° 352, 2003, p. 845-862.

[15] AN, F12 1405 A, lettre à l'intendant du Commerce Montaran en 1786 , citée par Serge CHASSAGNE, Le coton et ses patrons, 1760-1840, Paris, Éditions de l'EHESS, 1991, p. 135.

[16] Dominique MARGAIRAZ, Foires et marchés dans la France pré-industrielle, Paris, Éditions de l'EHESS, 1988.

[17] H. ROOT, op. cit., chapitre 5. Voir en particulier p. 139.

[18] Ibidem, p. 143.

[19] Patrick O'BRIEN, « The political economy of British taxation, 1660-1815 », Economic History Review, 41, n° 1, 1988, p. 1-32 ; Peter MATHIAS, Patrick O'BRIEN, « Taxation in England and France, 1715-1810 », Journal of European Economic History, 5, 1976, p. 601-50 ; John BREWER, The Sinews of Power. War, Money and the English State, 1688-1783, 2e éd. Londres, Routledge, 1994.

[20] Lawrence STONE (ed.), An Imperial State at War, 1689-1815, Londres, Routledge, 1994. S'agissant ensuite du XIXe siècle, John V. Nye a montré que l'image ancienne d'une Grande-Bretagne convertie rapidement au pur libre-échange laissait également à désirer : pour lui, l'opposition d'une Grande-Bretagne libre-échangiste et d'une France forteresse est un mythe, au regard du poids réel de leurs tarifs douaniers respectifs. Cf. J.V. NYE, « Guerre, commerce, guerre commerciale :
l'économie politique des échanges franco-anglais réexaminée », Annales E.S.C., 47/3, mai-juin 1992, p.613-31.

[21] Cf. entre autres les synthèses de Joanna INNES, « Parliament and the shaping of Eighteenth-century English social policy », Transactions of the Royal Historical Society, 5th ser., 40, 1990, p. 63-92 ; Raymond L. SICKINGER, « Regulation or ruination : Parliament's consistent pattern of mercantilist regulation of the English textile trade, 1660-1800 », Parliamentary History, 19/2, 2000, p.211-232 ; John STYLES, « Embezzlement, industry and the law in England, 1500-1800 », in M. BERG, P. HUDSON, M. SONENSCHER (ed.), Manufacture in Town and Country before the Factory, Cambridge, Cambridge University Press, 1989, p. 173-210.

[22] Josiah TUCKER, A Brief Essay on the Advantages and Disadvantages which respectively attend France and Great-Britain, with regard to Trade, éd. de 1753, in-8 de 168 p., reprint in The Collected Works of Josiah Tucker, vol. I, Londres, Routledge/Thoemmes Press, 1993, p. 121.

[23] Philippe MINARD, « Marché, normes et institutions en France et en Angleterre dans le long XVIIIe siècle' », Habilitation à diriger des Recherches, décembre 2004, Université Paris-I sous la direction de Dominique Margairaz.

[24] Pour une critique de cette demarche : B. L. ANDERSON, « Entrepreneurship, market process and the industrial revolution in England », in B. L. ANDERSON, A. J. H. LATHAM (ed.), The Market in History, Dover (USA), Croom Helm, 1986, p. 155-200.

[25] Michael BERLIN, « Artisans and the regulation of workmanship in early modern London », in Geoffrey CROSSICK (ed.), The Artisan and the European Town, 1500-1900, Aldershot, Scolar Press, 1997, p. 75-90; et Donald WOODWARD, Men at Work. Labourers and building Craftmen in the towns of Northern England, 1450-1750, Cambridge, Cambridge University Press, 1995. Le Ph. D. de Michael WALKER n'a pas été publié : « The extent of guild control of trades in England, c. 1660-1820 », Cambridge, 1986. Les monographies récentes concernent surtout la capitale : Leonard D. SCHWARZ, London in the Age of Industrialisation : Entrepreneurs, Labour Force and Living Conditions, 1700-1850, Cambridge, Cambridge University Press, 1992 ; Joseph P. WARD, Metropolitan Communities. Trade Guilds, Identity and Change in Early Modern London, Stanford, Stanford University Press, 1997 ; Ian Anders GADD, Patrick WALLIS (ed.), Guilds, Society and Economy in London, 1450-1800, Londres, Centre for metropolitan History, Institute of Historical Research, 2002.