Le négoce et ses acteurs, XVIe-XIXe siècles

Publié le 14 novembre 2007 Mis à jour le 3 décembre 2012
le 28 mars 2008
9h-17h
Maison de la recherche
Salle D155
Programme
10 h-12 h
Laurence Fontaine (CNRS/EHESS, Paris)
"Colportage et colporteurs dans l'Europe moderne, XVIe-XIXe siècles ».
Panorama introductif et bilan historiographique sur le monde du commerce à l'époque moderne et en particulier sur le colportage et les colporteurs dans l'Europe des XVIe-XIXe siècles.

14 h-17 h
Christine Dousset (UTM)
« La place des femmes dans le petit commerce urbain ».

Jean-Michel Minovez (UTM)
« Des gens de peu sous contrôle: les acteurs des draperies du Midi ».

Patrice Poujade (UTM)
« Un réseau de commerce terrestre entre Auvergne et Catalogne ».
 

 

GENS DU NEGOCE (XVIe-XIXe siècle)
Organisation, hiérarchie, mobilité dans le commerce terrestre
Projet collectif de Jean-Michel Minovez et de Patrice Poujade
            Après avoir mis en chantier deux rencontres ayant abouti à deux publications portant sur la circulation des marchandises et les réseaux marchands terrestres[1], les conclusions du colloque d'Andorre permettent d'avancer que ce dernier thème mérite u! ne plus grande attention. En effet, il nous semble intéressant de mettre en lumière les acteurs même de la circulation des produits, éclairer les relations qu'ils entretiennent entre eux et le rôle qu'ils jouent. La personne du marchand est à la base de la circulation physique des marchandises, mais elle peut transmettre aussi des informations sur les besoins, voire les goûts, susciter ou répercuter les modes, et donc influencer les producteurs[2]. Le marchand serait ainsi la figure centrale, le personnage clé, par son rôle d'intermédiaire, par l'interaction qu'il créerait entre l'amont (la production) et l'aval (la consommation).

            Nous touchons là les acteurs directs de la circulation, les donneurs d'ordres autant, en définitive, que la pléiade des facteurs, muletiers, colporteurs, transporteurs en tout genre, autres acteurs essentiels du commerce, mais figures qui restent encore à découvrir. La connaissance des marchands bute, tout d'abord, sur un problème de sources, en grande partie ré e9solu lorsqu'on dispose d'archives privées. Dans la plupart des cas, l'archive notariale, au prix d'un long dépouillement, devient une ressource inestimable, nécessaire à une micro-analyse et à une approche prosopographique. En ce sens, il serait intéressant que des études de cas permettent de se confronter aux acquis récents de l'historiographie concernant les réseaux marchands, par exemple ceux présentés en 2003 par Anthony Molho et Diogo Ramada Curto dans un numéro des Annales. Histoire, sciences sociales[3].

            Les trois mots du sous-titre (« organisation, hiérarchie, mobilité ») annoncent les trois axes autour desquels nous voudrions creuser le thème des acteurs du commerce, quoiqu'il y ait une réelle imbrication, dans la réalité, entre ces trois termes. Tout d'abord, l'organisation. Comment se structurent-ils ? Jouent-ils un rôle important dans le commerce de transit ou en restent-ils à la redistribution, si tant est que l'on puisse opposer transit et redistribution ? Leurs actions ! se concentrent-elles uniquement sur la redistribution ? Quelle part et quelles formes la production occupe-t-elle dans leurs activités ? Existe-t-il une certaine porosité entre les sphères du négoce et de la production ? Quelles sont les spécialisations ? Quels sont les mécanismes et les enjeux de la commercialisation, le rôle, la place, l'activité des marchands locaux et de ceux qui proviennent de la migration ? Comment les réseaux de marchands sont-ils constitués et contrôlés ? Quelles sont les alliances des marchands entre eux et avec les autres catégories ? En région frontalière, quel est le rôle de la frontière ? La hiérarchie : il s'agit de comprendre, à partir de la description de quelques exemples, les relations entre les marchands et leur hiérarchisation entre les lieux de production!  et les lieux de consommation. Enfin, la mobilité apparaî eet comme un processus fondamental de la circulation des marchandises et, autour de cette notion, il y a aussi beaucoup à apprendre sur les réseaux marchands, aussi bien finalement sur leurs organisations que sur leurs hiérarchisations.

            La journée du 28 mars 2008, à travers plusieurs interventions autour de différentes figures des marchands et marchandes, devrait éclairer un certain nombre de ces questions.


[1] J.-M. Minovez et P. Poujade (éds), Circulation des marchan! dises et réseaux commerciaux dans les Pyréné 9es, XIIIe-XIXe siècle, Toulouse, CNRS-Université de Toulouse-Le Mirail, collection "Méridiennes", 2005, 650 p. et J.-M. Minovez et P. Poujade (éds), Dynamiques marchandes : acteurs, réseaux, produits (XIIIe-XIXe s.), numéro spécial des Annales du Midi, 2005

[2] D. Margairaz, "L'économie d'Ancien Régime comme économie de la circulation", La circulation des marchandises dans la France d! 'Ancien Régime, Journé! e d'études tenue à Bercy (12/12/1997), Paris, Comité pour l'Histoire économique et financière de la France, 1998, p. 5.

[3] A. Molho et D. Ramada Curto,  c1« Les réseaux marchands à l'é! poque moderne », Annales. Histoire, sciences sociales, mai-juin 2003, pp. 569-579 ; il s'agit de l'introduction à un dossier de quatre articles qui occupe les pages 569-672 de ce numéro.