La Garde du Roi. Pouvoirs, élites et nations dans la monarchie hispanique (1700-1823)

Publié le 20 novembre 2007 Mis à jour le 3 décembre 2012
le 26 novembre 2007
8h30
Université de Toulouse II Le Mirail
 Maison de la Recherche, Salle 29

Thomas GLESENER

L'historiographie considère traditionnellement que Philippe V a fait appel à des étrangers pour se substituer aux Espagnols, notamment dans l'armée et dans l'administration territoriale, en raison de la profonde méfiance qu'il entretient à l'égard des élites locales.

Ce travail teste la validité de cette interprétation à partir du cas des officiers des corps flamands de la garde royale. Celle-ci, réformée dès 1701, permet à de nombreuses familles des Pays-Bas de s'implanter durablement en Espagne. De plus, la garde royale constitue le principal vivier des cadres de l'administration territoriale durant tout le XVIIIe siècle. Dès lors, à partir d'une analyse prosopographique, basée sur des sources administratives, notariales et privées, l'examen porte sur les dynamiques sociales et politiques qui se mettent en place autour de l'institution afin de comprendre la mobilité professionnelle des élites militaires au sein de l'Etat bourbonien.

Cette étude met en question la pertinence d'un clivage qui opposerait les « étrangers » aux « Espagnols ». Elle insiste au contraire sur l'importance de la relation de fidélité à Philippe V construite par quelques familles durant le conflit successoral. Le roi récompense ces groupes familiaux en leur offrant une assise institutionnelle - la Maison militaire - qui leur permet de monopoliser les premiers emplois de l'armée et de l'administration territoriale. La mémoire du « philippisme » va permettre à ces familles de se maintenir en place longtemps après la mort de Philippe V et de s'opposer à toute réforme des corps privilégiés. Lorsque Charles IV, grâce à Godoy, parvient à les contrôler, l'oligarchie militaire se soulève à Aranjuez en 1808.