Thématique 4, atelier 3, chantier 2 : : « Les Archives du Genre »


Responsables : Sophie Cassagnes-Brouquet, Sylvie Chaperon


Ce projet ambitionne de former à l'échelle de la France un pôle de référence sur les questions croisées du genre et des archives. Mené par le groupe Olympe de Gouges, constitué en 2009 [voir bilan], ce programme couvre le Moyen Âge, les époques moderne et contemporaine, mais aussi l'Antiquité grâce aux liens noués avec nos collègues (et chercheuses associées) de PLH ERASME et de Traces. Toute recherche repose sur des fonds d'archives, sur une méthodologie d'exploitation de celles-ci et sur les questions que le présent pose au passé. Nous ne nous limiterons donc pas aux seuls problèmes méthodologiques, puisqu'il n'y a pas de lecture des sources qui ne soit déjà informée par des perspectives, des problématiques et des réflexions conceptuelles.

Les sources, écrites ou iconographiques, produites par les femmes au cours de leurs multiples activités, ont connu l'oubli, l'abandon, la dévalorisation ou la destruction et il convient de s'interroger sur les mécanismes multiples de cette non (ou faible) transmission. Grâce à cette expertise, nous espérons pouvoir éclairer les politiques publiques du traitement des archives, ainsi que les pratiques des institutions privées soucieuses de conserver leur patrimoine.

L'intégration précoce des étudiants est un objectif important de notre programme. Le groupe de recherche Olympe de Gouges veut irriguer l'offre de formation des étudiants en mettant en place un parcours pédagogique cohérent et progressif, de la licence au master d'histoire.

Le groupe Olympe de Gouges participe à la structuration du champ de recherche : nous sommes partie prenante de l'axe genre de la MSH (Arpège : approches pluridisciplinaires du genre) qui regroupe près de 15 partenaires. Nous sommes également engagées dans le RING (Réseau interuniversitaire et interdisciplinaire sur le genre) qui vient d'être agréé comme Fédération de Recherche.

 

Pistes de recherche envisagées

 

Nos journées d'étude, dans la mesure du possible, obéiront à des principes communs : dialogue interdisciplinaire, échange entre des chercheurs reconnus et débutants, invitations de responsables archivistes pour lancer ou approfondir les recherches locales.

- Archives du for privé

Depuis 2003, le domaine des archives du for privé est exploré avec le GdR 2649 « Les écrits du for privé en France du Moyen Âge à 1914 » (voir bilan) et depuis 2008 au sein de l'ANR « corpus » sur le même thème. Nous souhaitons poursuivre et étendre notre champ d'action en direction de l'Espagne. Deux manifestations sont prévues à Toulouse d'ici 2011, journées préparatoires à la constitution d'une base de données numérique commune. Par ailleurs, une autre journée d'étude réunira en 2012 historiens, linguistes et archivistes (Framespa, PLH, École des Chartes) sur le thème de l'édition des écrits du for privé.

- Archives judicaires

L'histoire de la justice et de la criminalité a connu un fort développement ces dernières années en France, mais aussi en Belgique et en Suisse. Nous souhaitons poursuivre cette réflexion notamment sur les archives de la justice civile, très riches mais encore méconnues, ou encore celles de la protection de l'enfance et de la jeunesse. Ce travail sera mené en collaboration avec la revue Clio qui prépare un numéro consacré à la délinquance féminine.

- Sources hagiographiques

Il s'agit de lancer la réflexion sur la spécificité des Vies de saintes du haut Moyen Âge occidental (VIe-Xe siècle) en tant que sources pour l'histoire du genre : peut-on les considérer comme des récits au féminin ou du féminin ? Doit-on y entendre des « voix de femmes », ou bien plutôt des discours masculins sur les femmes ? Ces questions permettront d'interroger les Vies de saintes sous un angle d'approche neuf.

- Archives orales

À la suite de l'histoire des paysans ou des ouvriers, l'histoire des femmes s'est très tôt emparée de l'histoire orale qui permettait à la fois de contourner le silence des archives officielles et d'atteindre la subjectivité des femmes. Il est temps de revenir à ces sources produites par l'interaction du chercheur et du témoin. Nous travaillerons en commun avec nos collègues sociologues et anthropologues familiers des techniques de l'entretien.

- Archives de l'image

Un travail immense reste à accomplir dans le recensement et la connaissance des fonds d'images consacrées aux représentations du genre de l'Antiquité à nos jours. La mise en ligne des collections des bibliothèques et des musées rend aujourd'hui accessible à tous un nombre incalculable d'images, souvent peu ou mal utilisées par les chercheurs, une réflexion sur ce sujet semble plus que jamais d'actualité.

- Archives médicales

Si les ouvrages savants, les dictionnaires médicaux et les thèses fournissent des sources aisément identifiables et bien connues des historien-nes, des archives produites par des institutions et non publiées restent beaucoup plus méconnues : archives des hôpitaux, des hospices, des sanatoriums, des asiles d'aliénées, des infirmeries pénitentiaires, des expertises médicales sur demande judiciaire, les fonds privés des médecins, etc.

 

A l'issue de chaque journée d'étude, sera mise en ligne une sélection de communications et d'outils évolutifs pensés surtout pour les jeunes chercheurs : bibliographies, inventaires de sources, mémos méthodologiques. À la fin de ce programme, nous souhaitons publier un guide de recherche sur le genre qui réunira le savoir acquis sur tous ces types de source.