Thématique 3, atelier 1, chantier 2 : « Histoire, mémoire et patrimonialisation des migrations : approche comparée et sur la longue durée »

L'atelier Diasporas est largement impliqué dans le champ de l'histoire des migrations abordée sous l'angle du temps long. À ce titre, elle est associée à diverses institutions européennes.

 

Immigrations internationales

L'étude des migrations se place résolument sur un temps long. Ainsi le colloque international intitulé « ROMANIA GOTHICA, Aux origines de l'identité européenne », prévu octobre 2010 à Toulouse, a-t-il pour objectif de mettre en valeur, par la présentation des recherches les plus récentes dans le domaine historique et archéologique, le phénomène de fusion des populations de l'Occident romain avec celles issues des grands mouvements migratoires des Ve et VIe siècles (en particulier les Goths). Ce colloque fait partie d'un ensemble de quatre manifestations qui se dérouleront en septembre-octobre 2010 à Budapest (Hongrie), Ravenne (Italie), Barcelone (Espagne) et Toulouse (France). La formation des élites sera au cœur de la thématique du colloque de Toulouse : « les Aristocraties de l'Occident romain et les Goths ».

Cette rencontre s'inscrit dans un courant de travaux portant sur le monde occidental à la fin de l'Empire romain : publication de l'habilitation de Christine Delaplace « Géostratégie des royaumes romano-gothiques d'Occident. Les relations entre les Wisigoths et l'Empire romain. 382-534 ap. J.-C. » (à paraître au moment du colloque) ; préparation d'un colloque sur « Sidoine Apollinaire, témoin politique de son temps » ; la parution de synthèses sur ces questions (commandes des Editions Errance) ; conduite du programme collectif de recherches « La Gaule du Sud entre Empire romain et Empire carolingien » de Terrae (Framespa/Traces).

 

L'atelier Diasporas continue, par ailleurs, de participer aux travaux et aux publications du réseau de recherche international « EXILIO - Recherches sur les réfugiés et autres migrations » réunissant des universitaires du Centre for Transnational Studies de l'Université de Southampton (Royaume-Uni), du Centre for Border Studies and Refugee History de l'Université de Glamorgan (Royaume-Uni), de l'Université d'Alicante et de l'Universidad Nacional de Educación a Distancia de Madrid, du centre universitaire d'Albi et de l'Université de Toulouse-Le Mirail. Pour cette deuxième phase du projet, il bénéficie d'une bourse (2008-2011) de l'AHRC  (Arts & Humanites Research Council)  et du Departamento de Historia Contemporánea y Vicerrectorado de Relaciones Internacionales e Institucionales de l' UNED.

Diasporas est également partie prenante d'un séminaire de recherche organisé par la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) portant sur la thématique suivante : « Historiciser les mémoires de migration ». Quatre ateliers annuels prépareront un colloque international prévu en 2012.

L'histoire des immigrations en France est également appréhendée à travers l'analyse des collections de films de la Cinémathèque de Toulouse qui donne lieu à un festival annuel, « Etrangers d'ici » dont Laure Teulières assure le suivi scientifique.  Un ouvrage d'analyse du corpus de films, de documentaires et autres documents audio-visuels, illustré de photogrammes, doit paraître en 2010-2011.

Diasporas est également associé au projet international d'un « Itinéraire européen du patrimoine des migrations » (The European Itinerary of Migration Heritage) soutenu par l'Institut Européen des Itinéraires Culturels. Laure Teulières participe à la création au Luxembourg d'une association consacrée en propre à cet objectif (Netzwerk Migration in Europa e. V.) qui devrait voir le jour d'ici 2010, regroupant des chercheurs et responsables de centre de recherche européens. Cette structure doit ensuite permettre de monter des partenariats internationaux à l'échelle du continent (dans le cadre de projets Interreg ou autres) afin de réaliser des manifestations scientifiques et des actions de diffusion de la recherche autour de ce sujet.

 

Migrations et exodes espagnols

L'histoire de la Guerre d'Espagne et de l'Exil républicain constitue un thème d'étude majeur de l'atelier.

Concernant l'histoire des migrations espagnoles, Diasporas est impliqué dans le projet Historia oral del sindicalismo socialista español. Ce projet est financé par le Ministère de la Présidence du Gouvernement espagnol et s'inscrit dans le cadre d'une recherche portée par la Fondation Francisco Largo Caballero de Madrid et la Universidad Nacional de Educación a Distancia dont le siège central se trouve à Madrid.

L'atelier participe aussi au projet intitulé L'UGT y la emigración española a Europa en los años 60 qui est financé par le Ministère du Travail espagnol. Cette étude est menée par Carlos Sanz (Université Complutense de Madrid) pour l'Allemagne, Sebastián Farré (Université de Genève) pour la Suisse et Bruno Vargas, de Diasporas, pour la France et la Belgique. 

Ces travaux trouveront leur aboutissement dans la publication de trois ouvrages :

Sous la direction de Alicia Alted, Historia oral del sindicalismo socialista español, Madrid, Uned - Fundación Francisco Largo Caballero, 2009.

Sebastián Farré, Carlos Sanz, Bruno Vargas, UGT y la emigración española a Europa en los años 60, Madrid, Fundación Francisco Largo Caballero, 2010.

Bruno Vargas, Entre las garras de Vichy: epistolario de Francisco Largo Caballero y Rodolfo Llopis (1940-1942), Alicante, Universidad de Alicante, 2009.

 

Elites et migrations

La question des migrations s'ouvre également sur une problématique innovante, celle de la construction des élites issues des migrations internationales.

Tel est le projet d'étude mené par Philippe Videlier sur la formation en France des élites intellectuelles chinoises dans les années 1920-1930 qui, remontant un peu en amont (à la visite du vice-roi Li Hongzhang de la dynastie des Qing, à la fin du XIXe siècle), se prolongerait un peu en aval sur l'après Deuxième guerre (la fondation de la République populaire et la reconnaissance de la Chine par la France en 1964). La recherche portera sur deux générations :

1) La Légation de Chine amenait dans ses bagages, au début du XXe siècle, quelques intellectuels qui allaient connaître une trajectoire remarquable sous la République : initiateurs de la pensée anarchiste chinoise au contact de la France, ils allaient ensuite fournir les cadres du Kuomintang.

2) La génération suivante des jeunes Chinois influencés par les précédents, firent le voyage vers l'Europe, particulièrement la France, à la fin de la Première Guerre Mondiale. La plupart s'engagèrent dans des activités politiques ou artistiques. Nombre d'entre eux se convertirent en France au communisme, et non des moindres (Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Chen Yi, Nie Rongzhen, etc.).

 

Approche culturelle du fait impérial

En plaçant la focale sur les institutions et les productions, les réseaux savants et artistiques, l'atelier entend mener une enquête en profondeur sur l'aspect culturel de la colonisation, son impact et sa densité en France et dans l'Empire.

Une collaboration a été ainsi nouée avec les institutions culturelles de Toulouse (Musée Georges Labit et Muséum) pour mener des recherches sur la part du colonial dans les collections toulousaines, le rôle des élites locales, la formation de réseaux intellectuels qui se sont déployés entre la région et l'outremer. Elle débouchera sur des publications menées en coopération avec les partenaires cités. Par l'intermédiaire de Caroline Barrera, l'atelier va également s'associer au projet d'histoire de la faculté de droit d'Alger et de son rôle dans le processus de colonisation.

Enfin, Diasporas continue l'histoire de la mise en tourisme et de la patrimonialisation des mondes colonisés avec l'Université de la Manouba (Tunis). Une journée d'étude sur cette thématique est prévue en 2010 et un colloque international prévu à l'horizon 2011, permettront de rassembler les recherches menées en ce domaine.