Microstructures et Frontières Génériques

Programme de recherche de l'atelier LEMSO

Publié le 11 octobre 2010 Mis à jour le 24 octobre 2010
Responsables : Françoise Cazal, Florence Raynié
Partenaires :
Université Complutense (Madrid, responsable : Julia Sevilla), Ministère de l'Éducation, des Sciences et de l'Innovation espagnol

Démarche scientifique :

On trouve dans tous les textes des microstructures dont la plupart appartiennent à ce que Mikhaïl Bakhtine nomme les « genres du discours » et qu'il définit ainsi :

Chaque sphère d'utilisation de la langue élabore ses types relativement stables d'énoncés, et c'est ce que nous appelons les genres du discours. [...] La richesse et la variété des genres du discours sont infinies car la variété virtuelle de l'activité humaine est inépuisable et chaque sphère de cette activité comporte son répertoire des genres du discours .

(Mikhaïl Bakhtine, Esthétique de la création verbale, traduit du russe par Alfreda Aucouturier, préface de Tzvetan Todorov, Paris, Gallimard, 1984, p. 265.)

Du débat à la déclaration d'amour, en passant par l'interrogatoire ou la confession, voilà autant de genres du discours, aux codifications plus ou moins implicites, qui tirés de l'échange verbal spontané du quotidien sont reversés dans les textes (roman, théâtre, poésie, discours scientifique etc.). Mais ce ne sont pas les seuls ; parmi eux, on peut aussi citer des formes qui ont une codification régie par un discours métatextuel et qui sont reconnues comme des genres littéraires ou paralittéraires tels que, par exemple, la sentence, l'exemplum ou encore la fable.
L'étude de ces microstructures est à relier à la question de la frontière dans trois perspectives.

D'abord, c'est une frontière générique, marquée par l'utilisation de codes spécifiques et reconnaissables qui permet de distinguer ces formes entre elles, de les répertorier et de les décrire. On peut donc envisager un travail de taxinomie et de poétique à partir d'une recherche sur les frontières génériques.

Ensuite, bien que la plupart de ces microstructures appartiennent au genre du discours, elles sont reversées dans des structures englobantes appartenant à des genres littéraires comme le roman ou le théâtre. Le processus de littérarisation nous permet d'étudier la question de la frontière entre les genres littéraires et les autres actes de parole (voir sur le sujet Tzvetan Todorov, Les genres du discours, Paris, Seuil, 1978, p. 53 et suiv)

Enfin, ces formes sont caractérisées par leur totale autonomie. Pourtant, elles sont intégrées dans une oeuvre (roman, théâtre...). Comment est marquée la frontière entre le continuum de l'œuvre et la microstructure ? Comment se joue le rapport entre les deux ? La frontière entre les deux marque-t-elle une limite, une séparation ou au contraire une transition, un échange ?

Après les proverbes, le deuxième point abordé sur la question des microstructures sera les micro-récits. Chacun de ces axes sera sous-tendu par la problématique de la frontière entre le micro-récit et le discours englobant dans lequel il apparaît : frontière énonciative (par exemple dans le cas d'un micro-récit inséré dans un dialogue ou un discours...), frontière générique (fable insérée dans une nouvelle par exemple), frontière « d'univers représenté » (l'univers représenté dans le micro-récit n'étant pas le même que celui représenté dans le texte englobant »)

Ceints par diverses frontières déterminées à partir de critères énonciatifs, génériques, diégétiques et/ou conceptuels et perçus par le lecteur comme tout, comme totalité, ces micro-récits forment une unité parfaitement isolable du continuum textuel. Ainsi, si ces morceaux sont attachés à l'œuvre, s'ils en sont une partie intégrante, ils sont aussi capables d'exister indépendamment d'elle, hors d'elle. C'est aussi à travers cette double réalité les micro-récits sont inclus dans l'œuvre et indépendants que se posera la question de la frontière.

Dates de l'année 2010-2011 :
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Séminaire de Michel Moner le 29/11/10
- Journée d'étude  le 10/01/11

Voir les autres programmes du quadriennal 2011 - 2014 : "Frontières"