Contacts

Les sociétés en situation impériale, et post-impériale, sont travaillées par des représentations qui interrogent l’une des principales questions posées par la notion d’empire : la tension entre isolement et contact, entre domination et échange, entre homogénéité et hétérogénéité.

Le premier enjeu est d’ordre terminologique et doit permettre de confronter et de préciser les différents concepts et notions qui définissent actuellement ces phénomènes. Acculturation, transculturation, métissage, assimilation, hybridation, créolisation, circulations, croisements, échanges, transferts, montage, et bien sûr contacts : comment emploie-t-on ces différents termes ? À quels processus correspondent-ils ? Désignent-ils des mécanismes identiques mais dont les échelles varient ? Ou s’appliquent-ils à des réalités spécifiques à certains espaces et/ou à certaines périodes ?

La deuxième perspective de travail vise, dans une démarche qui relève de l’histoire culturelle, à étudier non seulement les différents objets produits par ces situations de contacts, mais à mieux en comprendre la genèse et la circulation. Processus de fabrication et de diffusion, catégories d’acteurs, rôles des institutions, et bien entendu modalités d’interactions entre les différentes forces en présence : au-delà de la question des identités, l’objectif est de s’interroger sur la complexité des processus d’identification et d’autocompréhension, qui intègrent différents mécanismes de positionnement – culturels, sociaux, politiques, religieux. Une attention particulière sera apportée aux motivations des différents acteurs et à la possibilité que ceux-ci ont eue d’avoir conscience – ou pas – de participer à la création d’objets et de phénomènes de contact (artisanat, architecture, littérature, musique, rites religieux, etc.). Enfin, la question de l’autonomie du culturel, au sens large, et de sa temporalité, par rapport au politique permettra d’interroger l’efficacité d’un réseau 2 de contraintes (obligation d’une langue, censure, modèles esthétiques, etc.), les stratégies de contournement ou d’assimilation, les relations entre les différentes minorités de l’empire. Le politique intervient-il comme élément ordonnateur ou perturbateur du culturel, ou inversement ? Quels types de dissociation peut-on observer entre les deux sphères ? Au-delà des décalages chronologiques immédiats, l’étude des modalités de réappropriation et de réutilisation des représentations culturelles héritées de situations impériales permettra d’évaluer la survivance de certaines logiques dans un contexte post-impérial.