Séminaire Transversal

"Histoire et historiens face aux usages et à l'instrumentalisation du passé"

Qu'elle vienne des historiens eux-mêmes ou de ceux qui ont eu et ont toujours la charité de penser à leur place , la réflexion sur l'écriture de l'histoire est étroitement liée à l'évolution de la discipline, à celle de ses fonctions sociales et à la pluralité des modèles de construction du savoir. Elle est indissociable des pratiques et de l'éthique du métier d'historien.

Sans écarter des croisements inévitables, le séminaire n'aurait pas pour objet de revenir sur les "tournants" de l'historiographie, les questions de méthode, l'invention des outils, les problèmes de conceptualisation ou autres emprunts aux sciences sociales... Sous la forme d'apports ponctuels suivis d'un temps de débat, il s'agirait pour l'essentiel de contribuer à une réflexion sur ce que faire de l'histoire implique et signifie aujourd'hui, dans le régime d'historicité qui semble se dessiner et même s'imposer comme pratique sociale obligée. 

Pour le dire à gros traits, avec, entre autres causes, la conjonction sans surprise de la crise du futur, du retour du religieux et de revendications identitaires se fondant sur une vision de l'histoire, l'instrumentalisation du passé joue sur les confusions entre histoire et mémoire, en s'attachant à les entretenir, en brouillant les enjeux. Elle est devenue (ou redevenue) un des leviers des stratégies de conditionnement des opinions dans l'exercice du pouvoir, très au-delà des seuls régimes d'oppression. Les historiens avaient dû apprendre à ne plus séparer discours et méthode, à établir rigoureusement un état des connaissances tout en s'expliquant sur les procédures mises en oeuvre pour y parvenir, en en dévoilant les limites, parfois la fragilité. Il leur faut sans doute maintenant réfléchir aussi à ce qui pourra advenir de leur travail, aux conditions d'une réception socio-médiatique dans laquelle ils pourront être plus ou moins insidieusement impliqués sans la contrôler pour autant, aux usages politiques et aux modes de transmission didactique auxquels leurs apports pourront donner lieu. Le tout au risque d'une instrumentalisation aussi bien de leur production que d'eux-mêmes...
 
C’est autour de ces questions et de cette autre dimension de l’écriture de l’histoire que sont organisées les cinq journées d’étude  (5 octobre 2011, 7 décembre 2011, 18 janvier 2012, 14 mars 2012 et 25 avril 2012). Un blog, préparé par les étudiants de master 2, présente les intervenants et les vidéos de leurs interventions.