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Jean Cantelaube, Les espaces de l’industrie Le cas de la sidérurgie des Pyrénées ariégeoises XVIIe – XIXe siècles
Les espaces de l'industrie Le cas de la sidérurgie des Pyrénées ariégeoises XVIIe - XIXe siècles
Jean Cantelaube
L'un des clichés les plus répandus sur les Pyrénées est celui de la forge rattachée à un domaine agro-pastoral ou, mieux encore, sylvo-agro-pastoral. La présence de minerai de fer et de vastes forêts semble justifier l'érection d'une usine sidérurgique là où l'hydrographie le permet. Pourtant, ce cliché paraît devoir être critiqué, dès que l'on y regarde de plus près. L'espace confiné de la vallée ne rend pas compte du développement de cette industrie et de ses processus en dehors de cet espace restreint. Il est alors impératif d'élargir notre vision, de débusquer les logiques qui sous-tendent cette métallurgie, de chercher, en particulier, si elles n'ont pas été créatrices d'espaces et comment. Deux niveaux d'analyse sont à prendre en compte : celui de la forge et celui de l'ensemble des unités de production des Pyrénées ariégeoises. La chronologie de cette étude, XVIIe - XIXe siècles, est fixée par la technique : le temps de la forge à la catalane[1]. Il est rare qu'un historien puisse étudier un cycle industriel dans son ensemble, de sa naissance à sa disparition. Autre atout, la forge à la catalane s'insère dans un cycle sidérurgique plus long, celui de la réduction directe du minerai de fer et de l'utilisation de l'énergie hydraulique, qui, pour les Pyrénées ariégeoises, s'ouvre à la fin du XIIIe siècle[2].