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Slimane Touhami, Arnaud-Bernard, ou quand l’autre fait la ville
Arnaud-Bernard, ou quand l'autre fait la ville
Slimane Touhami, Centre d'Anthropologie de Toulouse / EHESS
Nouvelle contribution à un éclairage du phénomène urbain local, l'article expose l'histoire d'un quartier populaire du centre-ville à présence étrangère. Alliant perspective diachronique et démarche ethnographique, il s'agit de démontrer comment, dès ses origines, cette partie de la ville s'est construite par et avec les populations venues d'ailleurs, révélant, à l'heure de la mondialisation, l'apport de l'Autre dans l'héritage d'une cité méridionale à l'avenir plus que jamais conditionné à l'ouverture sur de nouveaux horizons.
Texte intégral :
Si, en recouvrant des dimensions économiques, culturelles, affectives, voire esthétiques1 l'immigration prend valeur de « fait social total », force est de constater qu'elle est aussi, par essence, un phénomène urbain de première importance. L'exil façonne la cité. Les vagues de migrations remodèlent, couche après couche, la physionomie postmoderne de la ville hexagonale. Du plus désespéré comme les bidonvilles, les squats, les quartiers de relégation à ces territoires dévolus au business que sont les petites Asies, les petites Afriques ou les Maghreb miniatures, elles composent désormais les pièces d'un monde urbain ouvert sur une économie mondialisée.
L'Autre fait la ville. A Toulouse, si sa présence de l'autre côté de la rocade le réduit au rang d'outsider qui fait les choux gras de la chronique locale, il prend également place de ce côté-ci du « périf », notamment comme acteur économique d'une cité au cœur quadrillé par un tissu commercial chaque année plus dense.
De ce bon côté de la frontière de béton et de bitume, le quartier Arnaud-Bernard témoigne de cet Etranger qui contribue à faire, au quotidien, le Toulouse d'aujourd'hui. Emblème d'une ville mosaïque, cette enclave méditerranéenne, longtemps repère des insoumis, des étudiants sans le sou, des fêtards invétérés, bat au rythme d'une activité commerciale frénétique. Maghrébins d'abord qui dominent, depuis les années 70, dans ce paysage de ruelles noircies par la patine des temps où ils tiennent des bazars, des boucheries halal, des commerces de tissus qui font la réputation du quartier bien au-delà des frontières de la ville. Quelques personnes âgées parlant castillan, dernières rescapées de l'âge d'or des Espagnols qui trouvèrent, dans l'exil toulousain, un refuge à la misère et au fascisme. Des Portugais, des Italiens, un soupçon de présence asiatique... Différentes strates de migrations, ont composé, couche après couche, la morphologie de ce quartier du centre-ville. Le choix d'une lecture diachronique révèle, loin d'une pensée commune sujette à l'amnésie quand elle n'est pas sensible au discours xénophobe, l'historicité d'un phénomène qui a profondément marqué l'espace local2.
Un quartier à vocation d'accueil
Arnaud-Bernard, c'est d'abord un cœur avec la place du même nom, rendez-vous obligé des matchs de foot improvisés, des bouquinistes ambulants et des manifestations où culture et boisson font bon ménage. Derrière cette vitrine officielle agrémentée de bistrots, de bars à vins et de snacks orientaux, les rues Gatien-Arnout et des Trois-Piliers posent le cadre d'une enfilade de commerces où vient s'approvisionner une clientèle en majorité nord-africaine. Boulangeries, bazars, bijouteries et boucheries voient déferler, les dimanche matins et les périodes de Ramadan, une population qui vient quérir là les produits nécessaires à la perpétuation d'une certaine identité culturelle. C'est sur le thème de la valorisation de l'identité, hispanique cette fois, que quelques restaurants spécialisés dans la gastronomie espagnole participent à faire la réputation du quartier, en jouant la carte d'une authenticité qui, il faut bien le reconnaître, fait souvent défaut aux récents bars-tapas apparus avec le retour d'une certaine hispanophilie.
Ainsi Arnaud-Bernard célèbre-t-il, au quotidien, la rencontre entre l'immigration et le commerce. Mariage séculaire s'il en est, car, dès ses origines en effet, le quartier s'institue à la fois comme espace d'échanges commerciaux et débarcadère pour celui qui vient d'ailleurs. Bien que les données soient lacunaires, tout laisse à penser que c'est au Moyen-âge que le terrain du noble Arnaud Bernat intègre le Bourg, un ensemble d'habitations qui, adossées aux vieilles murailles romaines, devait devenir, avec la Cité bâtie sur l'emplacement de Palladia Tolosa3, l'un des noyaux originels de la ville. Ouvert sur l'extérieur, regardant vers le Nord, vers Paris et Bordeaux par la lorgnette de sa Porte Royale, détruite en 18254, Arnaud-Bernard voit passer tous ceux qui viennent chercher l'espoir d'une vie meilleure en ville. Donnant sur un monde rural régulièrement bouleversé par les guerres, les famines et la surpopulation, le quartier sert très vite de lieu d'installation à ceux qui fuient les campagnes proches. Cette position frontalière entre le monde de la ville et le monde rural détermine également la vocation commerciale du quartier qui se met en place dès les origines5. C'est là que le paysan vivant aux alentours vient vendre ses productions aux habitants du Bourg. Un marché se mettra en place qui, plusieurs siècles après, sera chapeauté par une halle de verre et d'acier construite en 1881. Des cafés, des restaurants autour de la place feront les riches heures du marché couvert. Ce lieu de rencontre populaire entre le petit peuple de la ville et le monde paysan finira par disparaître en 1964, avec la destruction de la halle et la délocalisation du marché vers le M.I.N. (Marché d'Intérêt National) de Lalande, en périphérie nord-ouest de la ville. Aujourd'hui, seul le marché Cristal, situé sur les boulevards adjacents, perpétue encore le souvenir du Arnaud-Bernard des maraîchers et des paysans.
Le temps des latins
Dès leur construction, les murs du marché couvert voient défiler les cohortes migrantes de l'ère industrielle. Le XXe siècle balbutiant donne d'abord le ton au temps des Italiens. A l'instar de ceux qui, dès les années 20, s'installent dans les campagnes de la vallée de la Garonne, ceux qui choisissent de vivre dans la Ville Rose viennent, pour l'essentiel, du Nord de la Botte. Lombards, Frioulans, Vénètes, ils profitent d'une politique nationale d'immigration qui favorise l'installation du cousin latin pour poser leurs bagages à Arnaud-Bernard. Ils y vivront comme maçons ou manœuvres dans le bâtiment. Certains y feront d'ailleurs fortune.
Si cette migration italienne a laissé peu de traces sur le quartier, l'exil espagnol, en revanche, l'a marqué d'une empreinte durable qui, aujourd'hui encore, n'a pas totalement disparue. L'effondrement de la République, au début de l'année 1939, est la tragédie qui sonne le point de départ du fait espagnol à Toulouse. Ceux de la Retirada se réfugient en masse dans la capitale occitane. Le choix de la ville est évident : elle est proche de la frontière - l'Espagne pousse sa corne aranaise jusqu'au pays commingeois - le gouvernement en exil s'y s'est installé dans l'urgence et il y existe une communauté espagnole embryonnaire arrivée à la fin du XIXe siècle. Catalans, Valenciens, Aragonais, on estimera le chiffre des réfugiés républicains à Toulouse à près de 20 000 individus fin 19396. Certains vivront de longues années dans des cabanes de bois installées Prairies des Filtres. D'autres poseront leurs pénates à Saint-Cyprien, aux Minimes, au Sept-Deniers. La Place Wilson restera longtemps connue comme « l'enclave de Llivia ». Les allées Jean-Jaurès, ces ramblas de l'exilé, se prêteront par défaut au jeu nostalgique du paseo.
Ceux qui fuient les armées franquistes s'installent aussi dans le quartier populaire d'Arnaud-Bernard. Ils y gagneront leur vie comme terrassiers, maçons ou ouvriers. D'autres encore se lanceront dans le petit commerce. Des boutiques de cordonniers voient le jour. On crée autour de la place des cafétérias et des petits restaurants : beaucoup d'anciens étudiants ont encore en mémoire ces cantines espagnoles où l'on concoctait une cuisine familiale abordable aux plus petites bourses. L'empreinte sur le plan idéologique n'est pas non plus négligeable. La tradition de gauche militante du quartier, représentée aujourd'hui par les bureaux de la Casa del barri ou des Motivé-e-s, puise aussi à l'héritage de ces habitants qui, à un moment donné de leur vie, sacrifièrent le meilleur contre le fascisme.
Autrefois brillante, cette présence hispanique est réduite aujourd'hui à la portion congrue. Si, en 1981, les Espagnols constituaient toujours la première communauté étrangère du quartier, force est de constater que c'est loin d'être le cas à l'heure actuelle. La vieillesse et la mort pour beaucoup, les retours en Espagne avec la fin du franquisme pour certains, l'envol des enfants vers d'autres destins sociaux sont passés par là. Ne reste désormais que quelques reliefs de ce temps des Espagnols. Quelques adresses de restaurants, un nombre dérisoire de personnes âgées, des immeubles appartenant à une poignée de familles... La page de l'Histoire s'est définitivement tournée pour un autre chapitre, celui des Maghrébins.
L'heure des Maghrébins
Dans les années 60, une série de bouleversements va redéfinir la carte des populations sur le quartier Arnaud-Bernard. Bouleversements locaux tout d'abord. Avec les années 60, le visage des villes françaises change pour toujours. Toulouse entame, comme d'autres cités, une mutation qui reste toujours d'actualité. Si le changement est moins radical que sur d'autres quartiers - Saint-Georges reste un cas d'école de réhabilitation ratée - Arnaud-Bernard n'en voit pas sa physionomie largement modifiée.
C'est d'abord, en 1964, la délocalisation du marché vers Lalande. Tandis que l'on détruit la vieille halle de verre et d'acier, les maraîchers partent définitivement pour les hangars géants installés non loin de la gare Matabiau. La disparition de cette activité vieille de plusieurs siècles aura pour conséquence la ruine d'une partie des commerces localisés sur la place.
A temps nouveaux, lieux nouveaux. La fin d'une époque, c'est aussi le départ, en 1969, de la Faculté de Lettres qui déménage de la rue du Taur pour le site du Mirail, emportant avec elle de nombreux étudiants habitant le quartier qui partent dès lors pour ne plus revenir. Ce mouvement de dépopulation qui saisit Arnaud-Bernard concerne en réalité toutes les strates de la population. On fuit ce quartier réputé vétuste pour le confort de ces nouvelles barres HLM qui hérissent, de leur blanc immaculé, une couronne urbaine en plein essor. Les familles qui rêvent de formica et de télévision en noir et blanc profitent de l'aubaine, laissant derrière elle des souvenirs en demi-teinte et des logements humides aux murs rongés de salpêtre.
Commencent alors, pour Arnaud-Bernard, les sombres premières années de la décennie 70, marquées par la dépopulation, les fermetures commerciales et la menace d'un plan de réhabilitation urbaine qui, curieusement, ne sera jamais appliqué 7. C'est là, dans ce crépuscule d'un quartier populaire, qu'est posé le contexte pour la dernière vague de migration, celle des Maghrébins.
Car subrepticement, dès la fin des années 60, de nouveaux outsiders prennent la relève des Espagnols et des Italiens. La décolonisation est passée par là : des Harkis, réfugiés à Toulouse, s'installent dans le quartier, notamment rue Gatien-Arnout où ils finiront par racheter des immeubles insalubres, bradés dans ces îlots délaissés par leurs habitants. Les baux commerciaux, dévalorisés depuis la délocalisation du marché à Lalande, commencent à intéresser de nouveaux acquéreurs. Des Juifs marocains rachètent, dès 1969, des fonds de commerce pour créer des bazars et des boucheries. Cette « maghrébanisation » du quartier se renforce dans les années 70-80. Là, dans les rues Gatien-Arnout et des Trois-Piliers, d'anciens ouvriers marocains et algériens se reconvertissent dans le commerce de tissus, de bazars, dans la boucherie et la pâtisserie... Pour tous les Maghrébins de Midi-Pyrénées, Arnaud-Bernard devient une référence incontournable. On s'y rend le dimanche en famille ou lors des fêtes religieuses pour acheter les produits qui évoquent le « pays ». Aujourd'hui comme dans mes souvenirs d'enfance, les rues grouillent de gens qui, à l'approche du Ramadan ou d'un mariage, viennent s'offrir là des pâtisseries, ici de pièces de tissus, là encore une paire de sderi8 pour meubler un intérieur traditionnel.
Cette activité commerciale qui redémarre dans les années 70 sonne aussi la renaissance d'un commerce hebdomadaire. La rue Gatien-Arnout se remet à profiter du succès jamais démenti de l'inquet, le marché aux puces dominical de Saint-Sernin. Artère entre Arnaud-Bernard et la vieille institution toulousaine, ses trottoirs se voient investis, le dimanche, par des marchands d'herbes aromatiques, des retraités marocains pour beaucoup qui trouvent là une occasion d'arrondir leurs fins de mois en proposant, derrière des cartons humides, de la coriandre fraîche, de la menthe, de l'armoise9, du persil...
C'est sur ce tableau d'un quartier redynamisé par le commerce communautaire que va se greffer un phénomène récent qui va bouleverser l'économie locale. A partir du début des années 90, les rues de Arnaud-Bernard voient s'installer, dans la plus grande précarité, des jeunes venus du Sud. Ils sont clandestins, ont entre vingt et quarante ans, harrags10 qui ont tout sacrifié pour écrire un nouveau destin dans le kharij, l'Occident, ce pays de l'opulence. Beaucoup viennent de l'Ouest Algérien, quelques Marocains aussi. Une partie d'entre eux est seulement en transit dans la région, s'accordant une pause avant de poursuivre le voyage vers Paris, Marseille, voire l'Allemagne ou la Belgique.
Mais entre-temps, il faut vivre. Ceux qui, comme j'ai pu l'observer, dorment parfois dans des couloirs d'immeubles, une couverture et quelques pauvres effets dans un sac plastique roulés dans un coin, vont avoir l'occasion de se faire un peu de monnaie. Tandis que certains usent du système D en se lançant dans la vente hasardeuse d'objets de pacotille, le dimanche rue Gatien-Arnout, d'autres se lancent, à partir de la fin des années 90, dans le commerce plus fructueux de cigarettes. La politique de hausse du tabac et le prix bradé pratiqué par les vendeurs11 attirent sur le quartier une population moins habituée des lieux. Etudiants, enseignants, ouvriers, employés, ils viennent faire là, tout au long de la semaine et à n'importe quelle heure de la journée, leurs achats en cigarettes andorranes. Plus inquiétant, cette activité à tendance à attirer, depuis quelques années, des dealers de drogue venant d'autres quartiers qui, en se glissant au milieu des marchands de cigarettes, tentent de tirer profit de cette nouvelle manne. Cette implantation crée de la confusion et contribue, une fois de plus, à renforcer la stigmatisation des derniers venus.
Ainsi la fonction commerciale s'est-elle renforcée avec la migration maghrébine. Trois niveaux d'activité se superposent désormais à Arnaud-Bernard. Une activité reconnue de commerces et de boutiques fonctionnant les jours ouvrés de la semaine, un commerce hebdomadaire partagé entre le formel et l'informel et, enfin, une activité illicite et informelle qui s'épanouit dans le trafic de drogues et de cigarettes.
Derrière la carte postale
Longtemps les migrations se sont fondues en harmonie sur Arnaud-Bernard. De l'Italien au Maghrébin, les mouvements de populations qui se sont implantés dans cette partie de Toulouse ont participé à créer un Arnaud-Bernard longtemps cité pour sa tolérance et sa convivialité. Reste que la réalité d'aujourd'hui brise en partie le miroir attachant d'une ville fraternelle où chacun aime son voisin. Derrière la façade publique d'un quartier bariolé et tolérant, les tensions sont palpables. Dernière en date, la fronde de l'association des commerçants du quartier qui a décidé de s'attaquer au problème des clandestins. Sous prétexte que leurs comportements font fuir les clients, justification sujette à polémique, les exclus d'hier, désormais propriétaires de boutiques, s'en prennent aux exclus d'aujourd'hui. L'appartenance culturelle commune pèse peu ici. S'il est vrai qu'il existe encore, ça et là, des pratiques d'aides communautaires - dons de nourriture, couscous du vendredi pour les plus démunis -, l'attitude de rejet tend à devenir la norme chez les commerçants ayant pignon sur rue. A leur demande, les descentes spectaculaires des forces de police sont devenues plus fréquentes. Le ratissage régulier du quartier tend d'ailleurs à porter ses fruits. A l'heure où j'écris ces lignes, le peuple des clandestins d'Arnaud-Bernard s'est nettement clairsemé rues des Trois-Piliers et Gatien-Arnout. La « sécurité » est en passe d'être rétablie, à la plus grande joie des commerçants, d'une partie des habitants et d'une municipalité qui a su récupérer l'image rebelle d'un quartier au service d'une publicité de la Ville Rose - le site de la mairie vante désormais les repas de quartier, autre invention bernardine12 - qui, c'est incontestable, ne peut se réduire aux seules évocations de l'A380, de la culture de la violette et des traditions de l'ovalie.
Notes de bas de page
1 L'exil est support à création. Au Maghreb, le thème de la solitude et de la nostalgie de celui qui est parti a donné le meilleur de la chanson et de la poésie populaire.
2 Associant données livresques et travail de terrain, cette étude a également tiré profit des informations de M. Jean Vilote, responsable de la « Casa del Barri » à Arnaud-Bernard, dont je tiens à saluer ici la gentillesse et la disponibilité.
3 L'un des noms antiques donné à Toulouse.
144 Elle était bâtie sur l'actuel emplacement de la place Arnaud-Bernard, face au boulevard Armand Duportal.
5 Jean COPPOLANI, Toulouse au XXe siècle, Privat, Toulouse, 1963. Jean COPPOLANI, Connaissance de Toulouse, Toulouse, Privat, 1974.
6 Lucienne DOMERGUE, (dir.), L'exil républicain espagnol à Toulouse, 1939-1999, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1999.
7 M. BROUAT-THILLET, Evolution et réhabilitation du centre ancien de Toulouse : le quartier Arnaud-Bernard, Toulouse, s.e., 1981.
8 Banquettes typiques des intérieurs marocains.
9 Il aromatise le thé vert en hiver, lorsque la menthe vient à manquer.
10 Littéralement « les brûleurs » en arabe dialectal. Beaucoup se livrent à un rituel qui consiste à brûler ses papiers avant le grand voyage, signe de la mort symbolique de son ancienne identité.
11 A trois euros le paquet de blondes américaines, le prix est intéressant.
12 Carrefours Culturels Arnaud-Bernard, Repas de quartiers, Toulouse, 2001.