Colloque : Sciences et cultures en temps de guerre, de la Révolution à nos jours

Publié le 6 février 2020 Mis à jour le 30 octobre 2020
du 6 novembre 2020 au 7 novembre 2020 Bibliothèque d'Etudes Méridionales - 56 rue du Taur - TOULOUSE

En raison du reconfinement, le colloque international Science et culture en temps de guerre des 6-7 novembre 2020, qui devait se tenir en version hybride à la BEM, bascule en distanciel total. Celles et ceux qui souhaitent recevoir le lien Zoom pour le suivre peuvent nous envoyer un mail (caroline.barrera@univ-jfc.fr).

Présentation

Ce colloque a pour objectif de croiser deux courants historiques particulièrement féconds depuis une quinzaine d’années : celui de l’histoire culturelle de la captivité et celui des sciences studies appliquées à la guerre.
Ce temps particulier accentue en effet les interactions des groupes sociaux impliqués (universitaires, scientifiques, militaires, industriels, politiques, corps techniques ou médicaux…), génère des occasions, des séquences ou des lieux inédits de travail et de rencontres (camps, laboratoires, usines, institutions…).

C’est aussi, plus que d’habitude, un temps de connexions et de globalisation. Enfin, le volet matériel et pratique y prend une acuité inédite. Les sciences studies, qui ont renouvelé l’histoire des sciences depuis les années 1970 (Pestre, 2006), en la considérant comme une histoire sociale, économique, politique, culturelle et non plus seulement comme la seule histoire des disciplines (histoire des corpus, des résultats, des concepts ou des idées) s’est depuis longtemps intéressé à la relation entre les sciences et la guerre. Elle l’a fait dans trois cadres chronologiques : court (une guerre en particulier), moyen (parfois de plusieurs décennies, prenant en compte l’avant ou l’après-guerre) et long (un siècle et plus).

Les thématiques abordées se sont fixées sur le volet opérationnel des guerres et l’implication de certaines disciplines (invention des armes, maitrise de l’espace, conduite de la guerre, soins médicaux et protection), les formes et les modalités de la mobilisation scientifique (types, lieux, structures, profils), les discours et les représentations, et bien sûr sur les opportunités scientifiques permises par la guerre (moyens financiers, réorganisation de la recherche, terrains d’expérimentation, collaborations…). Les concepts de sciences pour la guerre (Dahan et Pestre, 2004), de preparedness (Stuart, 1993), de cet état de préparation continuel de la guerre qui lie la puissance militaire à la puissance tout court, générant des warfare states (Edgerton, 2005) ont été particulièrement féconds. L’histoire culturelle de la captivité éclaire de son côté toutes ces problématiques en les orientant vers la dialectique des contraintes et de l’agentivité déployée par les acteurs sociaux. Retiré d’une influence directe sur le cours de la guerre, les captifs ne sont pas pour autant réduits à la passivité.

Une réflexion sur les différents environnements qui définissent leurs expériences est ici nécessaire : au-delà de leur commune privation de liberté, prisonniers militaires, prisonniers civils, déportés évoluent dans des contextes très différents dans lesquels les interstices de liberté permettant une initiative individuelle ou collective sont très variables. Une mise en évidence des ressources culturelles dont ils disposent s’impose également : ressources matérielles (accès aux livres et aux divers supports de la vie culturelle) et ressources humaines (réseau de solidarité, formes d’organisation collective). L’analyse des différentes formes de production culturelle et de leur modalité d’appropriation et de circulation au sein du monde de la captivité et au-delà mérite enfin l’attention.

Le colloque envisagé s’inscrit dans la lignée de ces deux axes forts de l’historiographie en souhaitant les croiser pour poursuivre et enrichir les réflexions en cours et pour réfléchir aux points peu abordés.