Thématique 4, atelier 2 : « Modèles sociaux, solidarités, conflits »

On peut classiquement considérer que l'ordre social s'impose par plusieurs biais. En premier lieu, la puissance publique et les groupes dominants prescrivent un système de normes et de lois, combinées à des principes, des valeurs et une idéologie, et défendues par des forces de coercition et d'arbitrage (police, justice). On pourrait y ajouter les structures de solidarité et les valeurs de cohésion, produites à l'intérieur de la société, par les institutions publiques ou les acteurs eux-mêmes, afin de garantir le « vivre ensemble », autant de structures qui constituent le « lien social ». Longtemps dominée par une approche marxiste, l'étude des processus de domination et de maintien de l'ordre a bénéficié par la suite, à partir des années 1980, des recherches en termes d'articulation d'échelles macro et micro, et de combinaison entre structures/pratiques (échelles d'analyse, sociologie de l'action et théories de l'acteur).

 

Dès lors, les orientations méthodologiques plus récentes nous invitent à reconsidérer la question de l'ordre/désordre de façon plus pragmatique, en essayant de comprendre comment s'exerce, en situation, le jeu des acteurs. Comment la stabilité sociale est-elle pratiquement garantie ? À partir de terrains variés, et sur le temps long, nous voudrions envisager la question de l'ordre social et des modèles sociaux qui le préservent, afin de comprendre comment stabilité et concorde en viennent à s'imposer. De la société vénitienne durant la Renaissance, en passant par la société coloniale mexicaine au XVIIIe siècle, et en considérant enfin les sociétés nordiques modernes et contemporaines, nous voudrions analyser comment fonctionnent ces sociétés qui ont en commun de jouir d'une stabilité sociale unique. Par une approche « au ras du sol », nous voudrions étudier les mécanismes d'action, et les formes des relations la garantissant, ainsi que les fonctionnements sociaux en œuvre dans des sociétés stables. Par une approche combinée de l'action des élites et de celle du « petit peuple », en articulant également les discours et les pratiques, nous essaierons de considérer la question de façon la plus globale possible. L'objectif est donc de reconsidérer la société comme un tout, en choisissant de porter l'attention aux acteurs, en utilisant les propositions des nouvelles sociologies de l'action et plus généralement des théories de l'acteur.

 

Les conflits seront partie intégrante de l'étude puisqu'ils représentent des moments de possible basculement. On le sait, certains conflits sont des régulateurs, en général intégrés, voire instrumentalisés par les acteurs eux-mêmes, qui contribuent à l'équilibre des sociétés. D'autres peuvent échapper aux individus, publics ou privés, et évoluer vers des ruptures plus brutales, des situations de désordre, de révoltes ou de soulèvements. Qu'est-ce qui explique, dans l'histoire des sociétés que nous avons choisi d'étudier, que certaines d'entre elles et que certains systèmes politiques parviennent à se maintenir en évitant la rupture, tandis que d'autres basculent dans le désordre ?


2 chantiers structurent l'atelier :